Lettre remise a M Borloo par Bruno Piriou
Monsieur le Ministre
En présentant à la fin de l’année 2002 votre plan de rénovation urbaine, vous en fixiez les
objectifs politiques : « simplifier et agir efficacement dans la durée afin de modifier
profondément en cinq ans les conditions d’habitat et d’environnement des six millions de
personnes vivant dans les quartiers prioritaires de la politique de la ville. »
Vous appeliez alors l’ensemble des acteurs de la politique de la ville à un remaniement
urbain profond des quartiers les plus dégradés.
Le Département de l’Essonne au sein du GIP Taterêts/Pyramides est un des acteurs
majeurs de cette politique et votre visite est l’opportunité de vous saisir des questions sur
lesquelles une attention plus grande devrait être portée.Je souhaite tout d’abord insister sur la nécessité pour toute démarche de renouvellement
urbain d’une prise en compte des particularités et de l’histoire du quartier.Ainsi et sans revenir sur la démolition du bloc central que le Département finance, je veux
Monsieur le Ministre attirer votre attention sur le respect que nous nous devons de porter aux
habitants. Or ce respect passe par la qualité de leur relogement.
A Corbeil-Essonnes, près de 500 logements sociaux devraient être démolis. Dans le même
temps, les analyses et études montrent, en Région Ile de France, un déficit grandissant de
l’offre de logements sociaux. Si chacun s’accorde à reconnaître la nécessité de transformer
les grands ensembles, l’Etat doit garantir une offre de logement social satisfaisante.
C’est pourquoi il est toujours préférable de construire avant de démolir.
Cela a aussi pour avantage de proposer aux familles devant déménager, un logement neuf
dans un nouvel environnement. Aucun locataire ne peut accepter de quitter un quartier
difficile pour un autre quartier difficile. De plus, les relogements doivent, à titre d’exemple,
prendre en compte la re scolarisation des enfants et la proximité du lieu de travail
Je souhaite que l’Etat s’engage et veille à ce que chaque proposition de relogement
satisfasse le locataire et qu’aucune pression de départ précipité ne lui soit infligée.Je voulais par ailleurs attirer votre attention sur un deuxième aspect décisif dans la mise en
œuvre sur le quartier des Tarterêts de la politique de la ville : l’exigence du volet social.Les démarches engagées sur les quartiers et présentées comme « recette » de leur
renouvellement urbain se sont depuis de longues années focalisées sur les formes bâties.
La nouvelle politique d’amplification des démolitions traduisent bien une volonté de faire
table rase de l’urbanisme de tours. Or Il faudra bien prendre la mesure de l’insuffisance de cette approche. Toute démarche de
renouvellement urbain se doit d’intégrer toutes les dimensions de la vie des quartiers
et d’élaborer des réponses aux besoins sociaux.
Acteur du Grand Projet de Ville, je ne sens pas qu’une impulsion suffisante ni même qu’une
telle orientation soient données aux politiques engagées pour répondre aux difficultés de ce
quartier. Si la dimension sociale était réellement prioritaire elle pourrait porter sur :· L’éducation et la scolarisation précoce dont on mesure les aspects bénéfiques dans la lutte contre l’échec scolaire.
· L’offre différenciée de mode d’accueil de la petite enfance
· L’offre de santé
· La question de la prévention et de la formation des jeunes.
· L’offre culturelle et de loisirs
· La création de nouveaux services publics
· L’impulsion de la vie démocratiquePersonne ne peut ignorer les faiblesses des réponses apportées à ces questions
sociales et leur lien avec la recrudescence de l’insécurité dans ce quartier.Vous appartenez, Monsieur le Ministre, au Gouvernement qui a fait de cette question une
priorité. Je constate pourtant avec inquiétude qu’en dépit des promesses faîtes ici même par
Monsieur Sarkozy, Ministre de l’Intérieur, le quartier des Tarterêts n’a pas bénéficié de
moyens supplémentaires, que cela soit en effectif de police ou de prévention.
Où en sommes-nous du commissariat de plein exercice ?Comment par ailleurs ne pas contester les orientations gouvernementales qui tendent à :· Supprimer un fonctionnaire sur deux partant à la retraite se traduisant à terme par moins
de services publics.
· Ne pas reconduire les emplois jeunes ce qui ne manquera pas d’avoir des conséquences
sur les écoles et la vie associative.
· Laisser filer les nombreux plans de licenciements dans notre Département et en Ile de
France qui touchent les populations déjà fragilisées ?Voilà Monsieur le Ministre ce qu’il m’a semblé important de vous exprimer en t’en que
Conseiller Général du quartier des Tarterêts et conseiller municipal soucieux de la réussite
de ce Grand Projet de Ville.
Dans l’attente de réponses précises que vous apporterez à ces remarques et en vous
remerciant de votre visite, recevez, Monsieur le Ministre, l’expression de ma considération
respectueuse.
Bruno Piriou